Arbres Monumentaux en forêt d'Oloron Sainte-Marie - 64400
Patrimoine arboré de la forêt du Bager par Jean Béziat
Pour qui, comme moi et quelques autres, s’intéressent et travaillent à mettre en relief le patrimoine arboré de l’Aquitaine et des Pyrénées franco-espagnoles, il est évident que les forêts du piémont pyrénéen occidental présentent un intérêt de premier plan.
Pour les avoir plus ou moins explorés depuis sept ans, des sites comme la forêt de Lourdes-Subercarrère, avec son chêne rouge d’Amérique de 44,4 m (record d’Europe) et son chêne pédonculé de 44,2 m (2e mondial) et, aux portes du Barétous, les forêts de Labaig-Bugangue (pin de Weymouth de 42,9 m, record de France), St-Pée-de-Haut (chêne des marais de 40,7 m, 1er ou 2e mondial ; tulipier de 45,8 m, 5e de France), Issaux (hêtre de 44,5 m ; hêtre de 10,05 m de circonférence, record mondial ; aulne de 9,20 m de tour, record mondial), valent déjà amplement le détour, sans oublier les Forges d’Abel (Urdos) avec leur sapin de Douglas de 55,8m, et en Soule Holzarté (hêtre de 48,8 m, record de France, 3e européen et mondial).
Mais la grande forêt du Bager, qui va de l’entrée de la vallée d’Aspe à l’entrée de la vallée d’Ossau en venant mourir sur le Gave du même nom, possède des spécimens tout-à-fait hors-normes.
De mes découvertes, j’ai extrait quelques ‘’pépites’’ afin de mieux les faire connaître au grand public, par le biais de l’ACCOB, et de sensibiliser les visiteurs à la nécessité de protéger ce patrimoine végétal exceptionnel. D’autre part, je participe activement à un travail de repérage, de signalisation et de listage de tous les arbres remarquables de la planète au sein d’un organisme international, Monumental Trees, et lui communique les résultats de mes principales découvertes. Ce travail permet d’ores-et-déjà de faire connaître les arbres recensés à un large public, mais aussi à des professionnels, qui hélas le consultent peu, car poursuivant d’autres buts que la sauvegarde des monuments végétaux…
Chaque arbre remarquable est mesuré, photographié, et si possible une estimation de son âge est avancée ; puis il est inscrit sur le site internet susnommé. Grâce au GPS et à un effort de cartographiage, les arbres remarquables sont situés avec précision sur une carte numérique, et ainsi, le touriste ou le naturaliste de n’importe quelle origine peut savoir, lors de ses déplacements dans un autre pays, qu’il existe dans tel ou tel département, ou tel ou telle commune (par exemple Oloron, Lys, Larrau, etc.) un ou plusieurs arbres remarquables à admirer. Déjà plus de 60 000 arbres ont été répertoriés sur Monumental Trees, dont près de 1650 par moi-même, et parmi eux, ceux du Bager.
Venons-en à cette forêt du Bager. En termes de hauteur, nous atteignons les 52 mètres avec un tulipier du N.-O. du massif, proche du Gave
(record d’Europe et peut-être 2e mondial pour cette espèce) ! Il est à noter que ce seul petit secteur comporte 5 tulipiers de plus de 50 m, dont un
spécimen colossal de 50,3 m et 5,26 m de circonférence à 1,30 m du sol. Ce sont à n’en pas douter les plus grands arbres de cette forêt.
Un autre spot abrite, quelques centaines de mètres plus à l’ouest, le long du ruisseau de Rachette, des tulipiers de très grande taille, le plus haut atteignant 49,2 m. Avoisinant ces tulipiers,
un chêne rouge d’Amérique de 42,4 m se hisse à la 3e place européenne, juste derrière ses deux rivaux de la forêt de Lourdes.
Pour les autres espèces, c’est également une pluie de records ! Les thuyas géants du Laguns inférieur culminent à 48,9 m (record d’Europe) ; les hêtres, notamment ceux du secteur Laguns-Mâture, sont avec 45 mètres parmi les plus haut de France ; avec ses 42,25 m, un chêne pédonculé situé à l’Est du ravin de Rachette arrive en 2e place française et en 5e place au rang mondial ; tout près du grand tulipier de 52 m, signalons un cyprès de Lawson de 43,2 m (record d’Europe) ; à l’ouest de la carrière Laborde, il existe un spot remarquable, groupant à lui seul un chêne de 41,9 m, un sapin pectiné de 41,1 m et un épicéa de 40,5 m ; au départ de la route forestière de l’Ourtau, un pin sylvestre se hisse à 37 mètres (3e français) ; un frêne de 38,6 m proche de Rachette lui vaut le 6e place française ; enfin un bouleau de la Borne 12, avec 32,3 m, est le 2e plus haut de France.
Pour ce qui est de la grosseur, le Bager n’a pas à pâlir non plus : 5,48 m de circonférence pour un thuya géant du Laguns (4e plus gros de France) ; 5,26 m pour un tulipier (8e français) ; 5,20 m pour le fameux chêne de Rouéchou ; 5,10 m pour un hêtre au début de la piste de la Mâture ; 4,33 m pour le séquoia géant de la Borne 12 (haut de 42,2 m) ; sans oublier un chêne rouge de 4 m de tour, un épicéa de 3,50 m de tour (6e français), un frêne de 3,40 m, un aulne de 3,10 m, un noisetier de 2,95m, etc.
Ce tour d’horizon très provisoire suffit, je crois, à classer la forêt du Bager parmi les plus riches de France en arbres d’exception, et à ce titre cet ensemble arboré remarquable, déjà labellisé comme tel par l’Association A.R.B.R.E.S. de Georges Féterman, doit absolument être protégé et mis en valeur.
Jean Béziat, géologue à la retraite. 26 avril 2024.
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