Traction Animale en Béarn - 64
LES ATOUTS DU DEBARDAGE A CHEVAL
- " Le cheval, couplé au travail de l’homme, permet de travailler dans les forêts tout en préservant la qualité productive des sols."
- " Le cheval occasionne peu, voire aucun dégât lors de son passage : pas d’arrachement de la régénération naturelle, pas de formation d’ornière, pas de tassement des sols"
- " Le débardage à cheval mise sur la qualité des sols et donne tout son sens à la gestion durable de la forêt"
- " Le débardage à cheval est un investissement qui permet de faire des économies à moyen terme"
Citations provenant de : www.pefc-france.org/articles/debardage-cheval/
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L’ACCOB a pour ambition de protéger les arbres et la biodiversité dans la forêt du Bager d’Oloron-Sainte-Marie et pour se faire, l’association travaille désormais avec la municipalité et l’ONF (COPIL). Ce faisant, l’association espère sensibiliser davantage autant le propriétaire (mairie) que le gérant (ONF) à une exploitation plus raisonnée et respectueuse du milieu forestier.
Nous pensons qu’il serait possible d’utiliser la traction animale sur certaines zones sensibles afin de ne pas déranger, endommager ou même détruire la faune et la flore locale tout en remettant au goût du jour le métier de bûcheron-débardeur qui était de norme autrefois, c'est à dire il y a environ une cinquantaine d'années.
Chevaux de trait en forêt du Béarn - 64 - ACCOB
Pour que la santé de l'animal soit préservée, le cheval tire des charges entre 25 et 35% de son poids tout au long de sa journée de travail soit environ 7h. Jean-Marc Voisin, débardeur précise qu'il peut aussi déplacer une charge équivalente à son poids sur une courte distance si nécessaire. Cela dépend bien sûr de la configuration du terrain.
En descente, il est compréhensible qu'il tracte plus facilement, donc un peu plus de charge possible.
Les rendements sont compris entre 10 à 25 m3 par jour et par cheval, cela dépend de nombreux facteurs : distance de traction, dénivelé du sol, diamètre des troncs, l'essence joue aussi ; le chêne possède une écorce rugueuse qui freine, contrairement au frêne ou au hêtre à écorce lisse, etc...
Un cheval peut marcher dans la journée jusqu'à 40 kilomètres, le débardeur-deuse également !
Nous nous sommes donc rendus en petit nombre sur une exploitation près de Salies de Béarn.
La personne qui s'occupe de cette forêt privée, Monsieur Matthieu FABRE nous a accueillis fort aimablement, nous
accompagnant durant l’après-midi en nous expliquant les raisons qui l’ont conduit à faire le choix pour la pratique de la traction à l'aide de chevaux de trait.
Le choix pour cette méthode douce est uniquement lié à la volonté de ne pas rendre son terrain impraticable avec des engins lourds motorisés comme on le constate trop fréquemment, de ne pas abîmer les arbres d’avenir, mais aussi de protéger au maximum la biodiversité.
Nous avons remarqué l’habileté et dextérité des bûcherons ( Julien MONPERE et Victor DELAGE) qui abattaient les arbres en évitant de blesser les autres grâce à la taille précise d'une encoche de direction qui guide la chute de l'arbre.
Une fois les arbres abattus, débités, puis rassemblés dans la forêt tout le long d’un sentier choisi sur le lieu où la végétation est la plus clairsemée. Il fera appel au service d’un porteur forestier (engin de portage mécanique léger) en début d’été, lorsque le terrain sera sec, afin de l’amener sur un endroit accessible pour la vente où une scie mobile le débitera.
Le bois sera ensuite destiné dans le meilleur des cas aux artisans, pour une meilleure valorisation du bois en local, en circuits courts. De ce fait, la répercussion sera favorable à un moindre coût et diminuera d’autant les émissions de CO², contrairement à ce qu’il se passe avec l’exploitation traditionnelle via les gros engins, les poids lourds, voire bateaux. (Les très gros chênes de la forêt communale du Bager d'Oloron (64) partent en containers en Chine, les hêtres multi centenaires en Espagne)
L’exploitation par traction animale représente un coût légèrement supérieur à l’exploitation traditionnelle nous disent les exploitants, mais la préservation du milieu vivant et la préservation des autres arbres est largement rentabilisée dans le temps.
C’est justement ce point qui n’est jamais pris en compte explique Véronique MAURIN qui "conduit" également un magnifique cheval de trait.
Sur ce chantier six personnes sont à l’œuvre, deux débardeurs, un homme et une femme, deux bûcherons et surprenant, deux stagiaires.(voir en fin de page)
Moyens de traction sur ce chantier à faible déclivité (10 à 20%) : deux chevaux, un mulet.
Chaque animal a ses propres qualités. Les uns sont utilisés pour tracter les charges classiques dirons-nous, par contre le mulet à la stature très puissante sert particulièrement à « décoller » des charges les plus lourdes nous expliquent ces pros.
Sur cette coupe les débardeurs travaillent en monture simple comme ça se fait habituellement. Exceptionnellement, sur des billes de bois d'œuvre plus lourdes il est possible de coupler deux animaux.
Les troncs, billes, sont coupés à des longueurs de 4, 6 ou 8 mètres maximum, ce qui protège les arbres, arbustes, végétation lors des virages notamment, contrairement au débusqueurs mécaniques ( Billes de 12 à 20 mètres).
ils sont tirés sur une distance maximum d'une centaine de mètre. Au-delà de cette distance les questions autour de la rentabilité du chantier se posent à savoir le rapport temps/volume de bois tirés par journée de travail.
La traction animale permet de guider les bois extraits avec précision sans frottement contre les arbres à conserver, sans les endommager et sans ajouter des décibels au bruit des tronçonneuses nécessaires, cela sans pollution et en préservant au maximum la quiétude du milieu.
Nous en avons pris plein les yeux, admiratifs de la docilité de ces chevaux puissants, obéissant à des commandements très doux, agissant avec une aisance remarquable.
Jean-Marc VOISIN que nous avons particulièrement suivi a commencé à travailler avec sa jument lorsqu'elle avait 3 ans. Aujourd'hui elle a 15 ans et peut encore travailler jusqu'à
ses 20 ans environ.
Il est bien évident que c’est un métier passion et qu’après le travail en forêt ces débardeurs doivent s’occuper de leur bête avant de penser à eux-mêmes.
En sommes, les gros atouts de ce mode d’exploitation sont : la valorisation du travail bien accompli mais aussi l’emploi durable et la préservation du milieu naturel.
Grâce à cet après midi vécue sur le terrain avec des professionnels, avec leurs amis les chevaux, l’ACCOB a acquis encore cette fois une belle expérience qu’elle souhaite faire partager prochainement aux habitants du Haut-Béarn et particulièrement d'Oloron-Sainte-Marie et Haut-Béarn.
L’association espère pouvoir attirer l’attention des responsables de l’exploitation forestière de la commune d’Oloron Sainte Marie (Propriétaire et gérant) pour pratiquer cette méthode douce sur la commune d’Oloron.
Cela pourrait être un exemple pour que ce type d’exploitation douce et créatrice de nouveaux emplois pérennes et durables se développe au mieux sur la forêt du 64.
Remarquable, deux jeunes stagiaires étaient présents, attirés par ces « nouveaux » métiers, proches des animaux nous ont-ils dit et de la nature à protéger.
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Il est à noter que l'exploitation forestière ne suffit pas pour en vivre nous disent-ils. On ne peut pas exploiter le bois durant toute l'année pour diverses raisons. (Montée de la sève,
nidification, pas assez de demande, etc...)
C'est la raison qui fait qu'il faut trouver d'autres débouchés, par exemple agriculture, viticulture, portage, formations, etc...)
Stagiaires Traction Animale en Béarn-64 -
Remarque : Nous avons été agréablement surpris d'observer la présence de deux jeunes stagiaires, ce qui automatiquement nous a posé question,
sachant que ces métiers du bois ne sont pas de tout repos. Qu'est-ce qui fait que ces personnes étaient intéressées par un métier qui était il y a peu encore méconnu, "rechiné" si je peux
l'exprimer ainsi.
- En réponse à ces questions, voici en deux mots les explications apportées par chaque stagiaire présent au moment de notre visite sur la coupe :
Monsieur Tasio Aizpurua
J'ai entrepris de faire ce stage en débardage par traction animale, dans le cadre de ma formation travaux forestiers sylviculture, pour avoir un premier contact avec des chevaux de trait et le travail dans un milieu forestier naturel.
Le stage a été très instructif sur le débardage, le bucheronnage, la gestion forestière, le travail en équipe et le point de vue du propriétaire.
Je me suis rendu compte de la pertinence de travailler avec des animaux mais aussi par les effets positifs sur la forêt et les conditions de travail.
Monsieur Matthieu GIRAULT
Je suis en formation de responsable de chantiers forestiers. A la base je suis charpentier à mon compte depuis 10 ans et mon objectif est de remonter la filière du bois avec l'idée
d'avoir un impact positif au niveau écologique. Le but est d'entrer dans les circuits courts mais aussi avoir des actions plus écologiques en forêt.(Impact CO2, tassement des sols, rétention des
eaux, problèmes de sol que l'on est loin d'imaginer, etc...)
D'où la Traction Animale pour de multiples raisons ...
Il y a aussi le rapport à l'animal qui pour moi a un intérêt écologique qui nous relie avec la nature et qui nous amène à la respecter davantage également parce qu'on en voit la limite et aussi ce que l'on peut lui en demander.
Question JC : vous voulez quitter le métier de charpentier ?
Non, mon objectif est d'avoir une poly-activité, avoir une compréhension globale de la chaîne du bois, de manière à avoir un impact positif en terme d'écologie.
Cliquer pour agrandir les photos
- Deux photos. ci-dessous pour comparaison :
- Sans commentaire, c'est flagrant non !
Avec la Traction Animale, aucun dégât perceptible sur la végétation, le sol.
Pas de pollution, pas de bruit...
Le vivant est préservé.
Traction mécanique avec débusqueur dépassant les 10 Tonnes à vide !
Des tranchées, ornières, sol labouré, arraché, tassement... + Pollution, CO2, particules fines, bruit...
1000 années nécessaires pour que le sol retrouve son état initial.
Présents pour l'association ACCOB (Association pour la Conservation du Cadre de vie d'Oloron et Bager)
Jean Claude - André - Sylvie - Françoise - Bertrand
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Le gestionnaire du bois : Monsieur Matthieu FABRE
Le propriétaire souhaite rester discret. Nous le félicitons cependant pour cette initiative qui nous réjouit. Nous le remercions vivement pour les explications qu'il nous a fournies, relatives au choix qu'il a fait d'utiliser la traction animale sur sa propriété privée.
(Tous les arguments ont été déjà énumérés ci-avant).
Encore un grand merci pour nous avoir reçus et accompagnés dans sa belle forêt.
Hé ! ....je ne vous ai pas tout dit ,
1) Cet été, nous aurons l'opportunité d'aller voir une scie mobile au travail sur son terrain.
2) Il souhaite créer un dépôt de bois sur la propriété pour desservir en circuit court les artisans du coin !
Ce Monsieur à de la suite dans les idées, un formidable et bel exemple à suivre, à imiter sur le Département 64, n'est-ce pas !
Les exploitants forestiers Traction Animale :
- Véronique MAURIN - Débardeuse
- Julien MONPERE - Bûcheron
- Jean Marc VOISIN - Débardeur
- Victor DELAGE - Bûcheron
Vous pouvez nous contacter ICI, nous avons leurs coordonnées téléphoniques si vous avez besoin de leurs services, n'hésitez pas, nous souhaitons les aider à trouver du travail, à les mettre en valeur.
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